Ma vie sage, ma cage, m'éloigne d'elle Manque physique, comme une faim, comme un vide Les jours passent et le creux s' élargit. Besoin de lui parler, d'entendre sa voix chaude, son rire, de plonger mon regard au fond du sien, communiquer en silence Besoin surtout de la toucher, de m'imprégner de sa chaleur au contact de son corps, poser mes levres au creux de son cou, là où les battements du coeur font palpiter la peau fine, m'emplir de son odeur, me serrer contre elle comme pour m'y fondre, faire durer l'instant sentir le vide se dissiper.
Des envies de bout du monde. La nature sauvage et belle, la force du vent, le cri des oiseaux, l'éternel bruit des vagues à l'assaut des rochers, la caresse du soleil, le sel qui picote les lèvres. Bleu-vert de la mer, pourpre violacé des bruyères, ocre brun des roches. La perfection de la nature, libre, sauvage, effrayante et majestueuse. Emplir mes poumons de tous ces parfums mélangés, l'océan, les plantes chauffées par le soleil, et rire de plaisir. Courir dans les herbes hautes, sourire en les sentant fouetter et griffer mes jambes nues. Enfoncer les pieds dans le sable chaud, douce brûlure...
Mon esprit s'égare, l'idée de ses mains douces et fermes sur ma peau me hante. Quel serait le goût de ses lèvres contre les miennes? Me fuiraient-elles? Me goûteraient-elles doucement, hésitantes? Ou dévoreraient-elles ma bouche avec la même faim, la même urgence qui me consume? Mon esprit s'abandonne aux rêveries torrides, aux rêveries coupables, mon esprit m'abandonne, je ne suis plus que sens, Je veux entendre son rire et sa voix caressante, respirer l'odeur de sa peau, dessiner du bout des yeux les courbes et les traits, les pleins et les déliés, explorer la douceur de son épiderme, les frissons...
